Aides à l’alternance : ce qui change en 2025 et pourquoi ça vous concerne

Face à la hausse des coûts et à la nécessité de maîtriser les dépenses publiques, le gouvernement a réajusté les aides à l’embauche d’alternants pour 2025. Si l’alternance reste un levier important pour l’insertion professionnelle, ces changements vont influencer les pratiques des recruteurs.

En résumé : 

• l’aide relative aux contrats de professionnalisation est supprimée, depuis avril 2024
• à date, l’aide à l’embauche d’alternants en contrat d’apprentissage est maintenue à 6000 €
• une fois le décret publié, cette dernière sera reconduite, mais elle se nivelle : 
  • maintenue à 6000 € maximum pour le recrutement d’apprentis en situation de handicap
  • abaissée à 5000 € maximum pour les entreprises de moins de 250 salariés
  • réduite à 2000 € maximum pour les entreprises de plus de 250 salariés
• quelle que soit le montant de l’aide, cette dernière est versée uniquement pour la première année d’exécution du contrat
• de nouvelles conditions concernant le niveau d’études de l’alternant (bac+5 maximum) entrent en vigueur
• de nouvelles obligations pour les employeurs de plus de 250 salariés s’appliquent (concernant l’atteinte d’un seuil de contrats d’alternance ou de contrats favorisant l’insertion professionnelle)

Depuis 2018, le recrutement d’alternants grimpe en flèche, sous l’impulsion de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel. Entre 2018 et 2023, il a ainsi été multiplié par 2,7 ! Sur la plateforme JobTeaser, une augmentation de 102% du nombre d’offres (sur des contrats d’apprentissage pour des formations de bac+3 à bac+5) a été enregistrée sur le temps fort 2024 (mars-juillet), par rapport à l’année précédente. 

Autant dire que l’alternance a le vent en poupe. Un succès - entre autres - amplifié par une aide à l’embauche d’alternants, versée par le gouvernement aux employeurs, depuis 2020 ! 

Cependant, 2025 pourrait ralentir cette croissance… Face à l’inflation et une dette nationale croissante, le gouvernement a prévu des coupes budgétaires. Parmi les cibles : l’alternance. Les aides concernant les contrats de professionnalisation ont déjà pris fin, tandis que celles relatives aux contrats d’apprentissage s’apprêtent à baisser. Cette annonce a bien entendu suscité beaucoup d’interrogations (et d’inquiétudes) sur les conséquences pour les employeurs. Qui plus est, de nouvelles conditions (et exceptions) s’appliquent désormais, transformant l’accès aux aides en véritable parcours du combattant. En résumé : les aides ne s’arrêtent pas, mais elles sont réduites. 

Alors, concrètement, qu’est-ce qui change cette année pour vos recrutements d’alternants ? Notre équipe a passé au peigne fin les sites officiels et les annonces légales, pour vous proposer un point sur les évolutions concernant les aides à l’embauche d’alternants en 2025. C’est parti ! 

Les évolutions prévues pour l’alternance en 2025

Depuis 2024, on le sait : le budget 2025 ambitionnait de réduire les aides à l’emploi, y compris celles qui concernent l'embauche d’alternants - qui est notoirement plus coûteuse pour les entreprises. 

Le verdict est tombé il y a quelques jours à peine : les critères d’éligibilité à cette dernière deviennent plus exigeants, mais également plus ciblés, notamment en fonction de la taille de l’entreprise et du niveau de qualifications de l’apprenti.

Du côté des aides à l’embauche via des contrats de professionnalisation, le dispositif historique de 6000€ a pris fin pour tous les contrats signés à partir du 30 avril 2024. 

Pour ce qui est des contrats d’apprentissage, l’entrée en vigueur d’un décret est prévue courant janvier. Bien que pour l’instant, l’aide à l’embauche d’alternants soit maintenue aux 6 000€ ”historiques”, dès le lendemain de la publication du décret, son montant évoluera, et de nouvelles conditions seront requises pour y prétendre.

En ce qui concerne les montants, l’aide évolue donc en fonction de la situation de l’employeur :

• 6000 € (maximum) pour le recrutement d’apprentis en situation de handicap ;
• 5000 € (maximum) pour les entreprises de moins de 250 salariés ;
• 2000 € (maximum) pour les entreprises de 250 salariés et plus.

Nouvelles conditions d’éligibilité aux aides en 2025

Du côté des conditions d’éligibilité, les OPCO seront chargés de vérifier les critères suivants avant de verser l’aide : 

• L’alternant doit préparer un diplôme ou un titre à finalité professionnelle inférieur ou égal au niveau 7 (bac+5) du cadre national des certifications professionnelles ;
• L’aide est octroyée pendant la première année de contrat.

Par ailleurs, les entreprises de 250 salariés ou plus doivent quant à elles respecter au moins l’une des deux conditions suivantes : 

• Générer au moins 5% de contrats favorisant l'insertion professionnelle ; 
• Atteindre au moins 3% d'alternants (contrat d'apprentissage ou de professionnalisation) + avoir connu une progression de 10% d'alternants. 

Cette baisse des aides implique de potentielles difficultés à recruter des alternants, en particulier les petites entreprises. 

Autre annonce qui n’est pas passée inaperçue : le PLFSS (Projet de loi de financement de la sécurité sociale) ambitionnait de revoir le régime social applicable aux contrats d’apprentissage, pour le rendre moins favorable pour les contrats les mieux rémunérés. La bonne nouvelle, c’est que cette proposition a été rejetée par les députés. La situation reste cependant en suspens. Affaire à suivre, donc…

On vous l’accorde : 2025 s’annonce moins favorable à l’alternance que les années précédentes. Cependant, il reste tout de même quelques aides dont vous pourriez bénéficier pour soutenir votre démarche d’embauche d’alternants.

Parmi les aides toujours disponibles, on compte notamment l’aide senior de 2 000 € versée par France Travail à l’embauche des demandeurs d’emploi âgés de 45 ans et plus en contrat de professionnalisation. 

L’alternance en 2025 : ça vaut toujours le coup ?

Les annonces récentes ont naturellement inquiété les entreprises qui recrutent en alternance. Les employeurs redoutent en effet une chute de leur compétitivité et certains anticipent des difficultés à maintenir le niveau d’embauche de leurs alternants. 

Un sondage mené par JobTeaser sur LinkedIn fin novembre 2024 a ainsi révélé que pour seuls 16% des employeurs, la baisse des aides à l’apprentissage n’aurait pas d’impact sur leur politique de recrutement. Une partie des répondants restants anticipe ainsi une augmentation du nombre de recrutements en stage (29%) ou en CDI (12%), tandis que pour l’écrasante majorité (43%), l’avenir reste incertain.

Sondage LinkedIn - JobTeaser - 21 novembre 2024

Dans ce contexte, JobTeaser a d’ailleurs lancé un nouveau sondage LinkedIn en ce début d’année pour mieux comprendre comment les recrutements d’alternants seront ajustés face à la révision de l’aide à l’embauche. N’hésitez pas à partager votre avis.

Par ailleurs, les apprentis pourraient voir leur situation se précariser (les jeunes étant plus fragiles sur le marché du travail que les profils plus seniors). C’est en tout cas les critiques qu’ont formulées récemment les syndicats concernant la réduction des aides pour l’alternance. 

Pour les employeurs, il est donc crucial de bien prendre en compte ces changements prévus pour 2025 en : 

• étant attentifs pour profiter des aides qui restent disponibles ; 
• anticipant mieux les futures campagnes de recrutement pour tenir compte de la compétition qui risque de s’intensifier entre les candidats. Pensez notamment à la forte saisonnalité du recrutement en alternance chez les jeunes diplômés et les étudiants (deux grands pics de candidatures ayant lieu chaque année, lors du premier trimestre et à la rentrée scolaire de septembre) ; 
• réévaluant les profils recherchés et en adaptant les fiches de poste destinées aux candidats de la Gen Z. En effet, il est fort probable que les aides soient principalement maintenues pour les apprentis ayant un niveau de qualification moins élevé. 

Vers un nouveau modèle d’alternance ?

Malgré les coupes budgétaires annoncées, le gouvernement assure que l’apprentissage a encore de beaux jours devant lui. L’objectif n’est pas de le freiner, mais plutôt de concentrer les aides pour les secteurs et les organisations qui en ont le plus besoin.

Le Ministère du Travail a également déclaré vouloir moderniser l’apprentissage, en renforçant les partenariats entre entreprises et centres de formation et en boostant les embauches dans les verticales les plus stratégiques pour l’avenir, comme le digital et l’écologie - mais aussi pour les petites entreprises. 

Comme l’a déclaré la ministre du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, « par cette décision, nous poursuivons la valorisation de cette voie d’excellence qui favorise l'insertion professionnelle des jeunes. [...] Cette évolution nécessaire permet de continuer à soutenir l’apprentissage dans l’ensemble des entreprises et plus particulièrement dans celles de moins de 250 salariés, qui emploient aujourd’hui près de 80% des apprentis. »

Gardez à l’esprit que, malgré la baisse des aides, l’alternance apporte aux employeurs de nombreux avantages : 

• l’accès à un vivier de jeunes talents formés et engagés ;
• la possibilité de recruter un alternant 100% opérationnel en CDI à l’issue de son expérience (52% des entreprises ayant recruté des alternants au cours des trois dernières années ont embauché au moins l’un d’entre eux à l’issue de son contrat, selon l’APEC)
• un regard neuf et jeune sur les pratiques de l’organisation ;
• une image renforcée de l’entreprise employeuse auprès des jeunes talents et des institutions éducatives

Autant de bonnes raisons de maintenir le cap, tout en ajustant vos recrutements à vos besoins prioritaires. 

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