Gen Z : répondre à la quête de sens au travail des jeunes
- jeudi 2 novembre 2023
- Edmée Citroën
Plus de la moitié des jeunes se disent en recherche de sens et d'engagement dans leur vie professionnelle. Alors comment (re)donner du sens au travail et répondre à la quête d’impact de la génération Z ? Décryptage.
Alors que le marché du travail est marqué par une pénurie de talents sans précédent, la quête de sens au travail est plus-que-jamais d’actualité. Si elle concerne toutes les catégories socio-professionnelle, cette recherche s’inscrit dans un contexte de changement de rapport au travail trois ans après le début de la pandémie.
Quels sont les piliers du sens au travail ? Dans leur ouvrage paru aux éditions du Seuil, Redonner du sens au travail, une aspiration révolutionnaire, les économistes Thomas Coutrot et Coralie Perez prescrivent différents conseils et pistes activables pour engager les collaborateurs dans leur vie professionnelle à l’ère de la généralisation des bullshit-jobs et après une vague de démissions sans précédent.
Sens au travail : les 4 piliers
- Agir positivement sur le monde : les collaborateurs ont besoin d’avoir le sentiment de servir des valeurs humanistes et/ou environnementales.
- Assurer la cohérence éthique entre ses valeurs morales et sa mission professionnelle : c’est-à-dire bien faire son travail sans contrevenir à ses valeurs personnelles. Les collaborateurs doivent être en accord avec la mission de l’entreprise.
- Avoir de l’autonomie dans son travail : Faites confiance aux jeunes collaborateurs et évitez le micromanagement ! CQFD
- En tirer de la reconnaissance, de l’estime de soi et (donc) un accomplissement personnel
Les tâches répétitives, le fait de servir une mission ou une organisation à laquelle on n’adhère pas ou encore le management autoritaire et vertical figurent parmi les éléments qui entravent le sens au travail.
60% des jeunes donneraient la priorité à un travail qui a un impact sur la société ou l’environnement plutôt qu’à un salaire élevé.
(Source : Deloitte)
Pour Mathieu Fouquet, DRH et partner chez onepoint, la clé réside dans l’assertion suivante : il faut transformer ses collaborateurs en entrepreneurs. Favoriser l’intraprenariat et la prise d’initiatives au sein de votre structure peut largement nourrir l’engagement des salariés plus autonomes. Il est donc élémentaire de prohiber le micro-management avec les jeunes talents, pour qui, la relation de subordination entre manager et salarié est obsolète.
Top 3 des engagements Gen Z : climat, inclusion et égalité
Si la génération Z exige confiance et donc transparence, les jeunes diplômés sont aussi plus engagés que leurs aînés. Ainsi, le climat, l’inclusion - la diversité et l’égalité des sexes sont les trois causes les plus défendues par la Génération Z en France. Pour autant, 6 jeunes sur 10 se sentent abandonnés par les leaders et politiques sur le sujet environnemental. Et plus de 80% d’entre eux se disent insatisfaits des engagements des entreprises en matière de diversité. (Source : étude menée par l'agence Lewis et l’association HeForShe (ONU Femmes))
Pour répondre à ces aspirations formulées par une jeune génération en quête d’impact : le développement d’une politique RSE orientée-collaborateur. Aider les femmes en situation de précarité, les personnes handicapées ou encore réfugiées : diverses plateformes d’engagement permettent aux collaborateurs de participer à des actions solidaires au sein de différentes associations, dans le cadre d’une journée de bénévolat exercée sur le temps de travail.
Mettre plus de démocratie dans l’entreprise
Au-delà de la dimension stratégique qui réside dans la rétention et l’attractivité des jeunes talents, donner du sens au travail permet de combler les principaux besoins des collaborateurs que sont : la sécurité, l’estime de soi, les liens sociaux et l’accomplissement personnel.
Pour donner plus de sens au travail, il faut donc mettre davantage de démocratie dans l’entreprise et-ce via divers leviers :
- Adopter des dispositifs de participation, d’actionnariat salarié et/ou d’intéressement
- Impliquer les collaborateurs dans les décisions stratégiques et déverticaliser la gouvernance avec une organisation agile
- Assurer de fréquentes sessions de feed-backs intra-hiérarchiques
Qui dit autonomie des collaborateurs dit aussi libération du temps de travail. Favoriser le management par la confiance, c’est accorder plus de temps libre aux collaborateurs, demandeurs de flexibilité. Voici les initiatives existantes en matière de temps de travail :
- Une politique de télétravail souple : en moyenne les entreprises hybrides octroient 2 jours par semaine de distanciel aux travailleurs éligibles.
- La semaine des 4 jours : 2 français sur 3 y sont favorables ! (sondage Cluster 17 pour Le Point, mars 2023)
- Le freelancing-day : accorder un jour-off par mois aux collaborateurs pour qu’ils se consacrent à une autre activité (associative ou entreprenariale.)
Enfin, le sens au travail prend tout son sens dans un environnement de travail où il fait bon vivre. Services de santé mentale, fréquents baromètres de bien-être au travail, cours de sport ou encore formation continue, il est incontournable d’assurer un excellent climat psycho-social au sein de votre organisation pour répondre efficacement à la quête de sens des jeunes générations.
*Thomas Coutrot est statisticien et économiste, chef du département Conditions de travail et santé de la DARES au ministère du Travail de 2003 à 2022.
*Coralie Perez est socio-économiste, ingénieure de recherche à l'université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre du Centre d'économie de la Sorbonne.