AccueilLe Gen Z Lab Santé mentale : « Nous voulons aider les jeunes à prendre confiance en eux et à trouver leur place dans la société. » 

 Santé mentale : « Nous voulons aider les jeunes à prendre confiance en eux et à trouver leur place dans la société. » 

  • vendredi 17 novembre 2023
  • Edmée Citroën

Orientation, gestion du stress, prise de parole : à l'aube de leur vie pro, les étudiants ont de nombreuses craintes. Pour les accompagner, Anne-Claire de Pracomtal et Erika Seydoux ont fondé IAMSTRONG, un programme de coaching dédié aux 12-25 ans.

Qu’est-ce qu'IAMSTRONG ? 

IAMSTRONG est un outil de prévention et un d’accompagnement dédié à la santé mentale des 12-25 ans. Nous accompagnons les jeunes dans leurs difficultés scolaires ou personnelles, jusqu’à leur insertion professionnelle grâce à nos coachs et psychologues spécialisés. Les suivis durent en moyenne 3 mois et sont destinés aux collégiens, lycéens et étudiants. Notre objectif est le suivant : Révéler le potentiel de chaques jeunes et les aider à relever leur difficultés. Nous avons pour ambition d’aider cette population à prendre confiance en eux et à trouver leur place dans la société. Confiance en soi, dépendance, orientation, motivation, gestion du stress, ou encore quête de sens : en matière de santé mentale, le constat est alarmant. 


Aujourd’hui un jeune sur 3 de moins de 25 ans souffre d’un problème psychique. Aussi, les étudiants français font partie de ceux qui ont le moins confiance en eux. En la matière, la France est classée 63ème sur 65 pays de l’OCDE. C’est un mal français ! 


Quelle est la spécificité de votre programme ? 

Notre programme de coaching comprend 2 séances mensuelles en visioconférence, des activités à faire à distance et - c’est notre spécificité - un chat ouvert et dédié avec son praticien. Nous avons voulu mettre en place ce canal WhatsApp pour assurer un accompagnement en continu. C’est une présence rassurante en fil rouge qui permet aux jeunes de poursuivre le travail, hors des séances. 

Ce chat a montré son efficacité aux Etats-Unis, notamment sur les questions de harcèlement. Car certaines choses sont plus faciles à écrire qu’à dire. 


 La démultiplication des possibles peut paralyser les jeunes sur leur orientation. 


Que constatez-vous sur le terrain ? 

Des jeunes inquiets de leur avenir, parfois anxieux, éco-anxieux ou atteints par des symptômes dépressifs. La crise sanitaire a accentué la dégradation de la santé mentale chez les jeunes. La période adolescente et post-adolescente est propice à l’épanouissement social et constitue une étape de détachement essentielle vis-à-vis de ses parents : une génération entière en a été privée du fait des restrictions sociales liées au covid. 

Par ailleurs, les jeunes qui pré-covid étaient déjà plus ou moins fragiles et en difficulté ont vu leur état se détériorer. Un jeune qui était à la limite du décrochage a décroché. Un jeune légèrement anxieux a développé des crises d’angoisse. 


Dans quelle mesure l’entrée dans la vie professionnelle amplifie l’inquiétude des jeunes ? 

Il y a aujourd’hui beaucoup plus de choix qu’avant. La démultiplication des possibles peut paralyser les jeunes sur leur orientation. Aujourd’hui il faut se connaître très bien, être sur de soi et savoir décider. Dans leur cursus scolaire, les jeunes ont peu d’accompagnement pour s’orienter. Aussi, les perspectives d’un futur anxiogène inquiètent. Les étudiants veulent s’engager, aider, avoir de l’impact avec leur travail, mais ne savent pas ou ni comment.


Que faire, concrètement pour aider un jeune à s’orienter ? 

Les jeunes se connaissent mal. Nous les aidons à identifier leurs talents, forces, limites, causes, valeurs, etc, notamment via l’activité « qualité pilier ». Nous demandons au jeune de sonder trois de ses proches sur ses trois qualités principales et la catégorie de prix Nobel qu’il aurait si il en obtenait un un jour. Cet outil est très puissant. À chaque fois, il y a une prise de conscience énorme. Par ailleurs, c’est un égo-boost génial pour les jeunes ! Cela permet de travailler à la fois la confiance et la connaissance de soi. 


Il est aussi important de dédramatiser l’échec. On pointe du doigt l’échec depuis leur plus jeune âge. On invite donc les étudiants à oser plus. Ils sont nombreux à se limiter et ne pas postuler à certains postes de peur de ne pas avoir le job. On les encourage à le faire, au risque d’encaisser un échec. 


Les jeunes sont plus angoissés de prendre la parole en entretien que d’assurer l’oral du bac français. 


Quelles sont les difficultés propres aux jeunes qui s’insèrent dans la sphère professionnelle ?

L’entretien d’embauche et la prise de parole constituent une grosse source de stress pour les jeunes. Ils sont plus angoissés de prendre la parole en entretien que d’assurer l’oral du bac français. L’expression orale est très formatée dans les études, mais en entretien pro, ils sont en roue-libre, n’ont pas d’indicateurs sur le contenus et n’ont pas été formés à ça. On travaille beaucoup sur la prise de parole en entretien. 


En matière de santé mentale, que conseilleriez-vous aux employeurs ?

La première chose, c’est la mesure de la santé mentale. Les employeurs doivent piloter non plus seulement la performance mais aussi la santé mentale des collaborateurs, c’est-à-dire le niveau de confiance en soi, de stress des travailleurs. 

Il faut aussi sensibiliser, organiser des conférences, outiller les nouveaux salariés quand ils arrivent, notamment sur les questions liées à la gestion du stress ou encore à l’équilibre pro-perso. 

Dernière chose, le mentorat est un levier puissant pour la santé mentale des collaborateurs. Il permet aux nouveaux arrivants de se décharger et d’échanger en début d’expérience professionnelle. C’est fondamental.  


Quelle est la prochaine étape pour IAMSTRONG ?

Nous sommes en train de développer une interface pour les écoles et universités afin que les équipes pédagogiques puissent accompagner tous les étudiants sur la santé mentale. Notre ambition est la suivante : aider tous les jeunes à prendre confiance en eux et à trouver leur place dans la société.