Balance ton stage : comment mettre fin aux violences sexistes en entreprise ?
- vendredi 6 janvier 2023
- Octavia Veny
Le sexisme ordinaire au boulot, on s'en passerait. Voici comment y mettre fin !
« Un jour, peut-être, ça changera ». En 2018, le tube d’Angèle Balance ton quoi, dénonçait le sexisme omniprésent dans nos sociétés. Une mélodie pop acidulée pour un constat pourtant bien amer puisque, quatre ans plus tard, on reste effaré par les chiffres du sexisme en entreprise.
Selon l’IFOP, 60% des femmes en Europe ont subi du sexisme dans le cadre de leur travail, sans parler des 13 % d’écart moyen de salaire entre les femmes et les hommes et sans mentionner non plus le fait qu’une seule femme dirige une entreprise du CAC 40…
Les entreprises ont encore du pain sur la planche pour libérer l’écoute et prendre en compte la parole des victimes. Indignés par les nombreux témoignages de leurs camarades, trois étudiant.e.s de l’Emlyon Business School, Agathe, Camille et Simon, ont décidé de réagir en créant #Balancetonstage. “De nombreuses entreprises s’engagent sur le sujet mais d’autres, plus réticentes, considèrent que ces problématiques sont le fait d’individus isolés et que les violences sexistes n’existent pas chez eux.”
Sexisme ordinaire et hiérarchie dans l’entreprise
« Elle, c’est pas pour ses compétences qu’elle est encore là ! », « Pourquoi t’es pas plus féminine ? », « Surtout, ne te retrouve pas seule dans une salle avec moi, parce que ça va vriller... ».
Les témoignages reçus par l’association ne sont que la partie immergée de l’iceberg. C’est d’ailleurs là que le bas blesse, puisqu’on apprend que seuls 23% des étudiants victimes de sexisme en ont parlé en entreprise.
Pourquoi ? Car l’étudiant a un statut particulier, que l’on peut même qualifier de précaire. Il peut avoir peur qu’on ne le croit pas, de ne pas valider son diplôme, son stage, son alternance ou son apprentissage. De plus, dans 85% des cas, fallait-il s’en douter, la personne à l’origine des propos ou actes sexistes est dans une position hiérarchique supérieure à celle de la victime. Dès lors, le supérieur hiérarchique peut se croire hors d’atteinte du fait de sa position et de son ancienneté.
Comment faire de son entreprise une « safe-place » pour les stagiaires ?
Balance ton stage propose de nombreuses ressources afin d’accompagner les étudiants et les entreprises. Le « petit manuel du sexisme en entreprise et comment le combattre » propose des conseils variés afin de repérer le sexisme au travail, s’en protéger et en parler, que l’on en soit victime ou témoin.
Plus concrètement, si vous souhaitez enrayer ce phénomène au sein de votre entreprise, voici quelques pistes d’action que vous pourriez mettre en place :
- Des sessions de sensibilisation (présentiel/distanciel) à destination des étudiant.e.s (stagiaires, alternant.e.s, apprenti.e.s) afin de leur donner des clés pour repérer le sexisme, s'en protéger et en parler.
- Des sessions de sensibilisation à destination du personnel clé en entreprise (service RSE, diversité et inclusion, RH, board, tuteurs et tutrices de stage), afin de leur expliquer le statut particulier du stagiaire/alternant.e en entreprise, et leur apprendre à accompagner les étudiants pouvant être victimes.
- Des campagnes de sensibilisation en interne sur le thème du sexisme au travail (et plus particulièrement comment il touche les étudiant.e.s)
- Rédiger une charte et des lettres d'engagement contre le sexisme au travail
- Mettre à disposition des ressources (brochures, kits, manuels) sur la question du sexisme au travail
- Communiquer régulièrement sur les contacts utiles si l'on est victime ou témoin
- Intégrer des groupes d'entreprises et associations engagées sur le sujet. Par exemple, l'initiative #StOpE au sexisme en entreprise rassemble des entreprises et écoles françaises autour d’un acte d’engagement contraignant à propos du sexisme. Chaque membre se doit de mettre en œuvre chaque année de nouvelles actions concrètes afin de lutter contre le fléau du sexisme au travail.
Les obligations légales de l’entreprise en matière de lutte contre le sexisme
En tant qu’employeur, l’entreprise doit faire figurer le texte légal relatif au harcèlement sexuel et aux agissements sexistes au sein du règlement intérieur de l’entreprise. Par ailleurs, les entreprises de plus de 250 employés, doivent désigner un référent employeur en charge de l’orientation, de l’information et de l’accompagnement des salariés en matière de lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes.
Lorsqu’il a connaissance d’agissements sexistes, l’employeur doit prendre toutes les mesures nécessaires pour y mettre un terme. C’est à lui d’affirmer le caractère inacceptable des agissements sexistes, notamment à travers une sanction disciplinaire appropriée allant du simple avertissement jusqu’au licenciement.
Associations spécialisées dans la sensibilisation et la formation
- HandsAway : sensibilisation contre les violences sexistes et sexuelles
- Nous Toutes
- Ekiwork : sensibilisation des salariés contre les violences sexistes
- Balance ton stage : ateliers de sensibilisation auprès des entreprises et des étudiant.e.s : [email protected]