Orientation professionnelle : quelles mises en situation pour accompagner les jeunes ?

L’orientation, on le sait, touche à des questions existentielles : quel est le sens de mon existence ? Quelles sont mes valeurs, en tant qu’individu ? Dès lors, le principe d’un parcours d’orientation digitalisé est loin d’aller de soi : comment un algorithme pourrait-il faire l’affaire, là où on attend un suivi individuel et ultra-personnalisé ? Dans notre ouvrage Digitaliser l’orientation professionnelle, notre équipe de recherche en psychologie et neurosciences cognitives apporte des éléments de réponse.

Difficile pour les jeunes de choisir leur avenir professionnel. Les acteurs traditionnels de l’orientation (corps enseignant, conseillers, sites informatifs...) sont débordés face à l’augmentation constante du nombre de diplômés de l’enseignement supérieur. Ils se trouvent également démunis face à un monde changeant, dans lequel le digital prend de plus en plus de place et modifie en profondeur de nombreux secteurs ou métiers. Quant aux jeunes, ils se retrouvent dans une situation paradoxale : ils croulent sous l’information mais ne savent rien, sinon très peu, du monde professionnel qui les attend. 

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Les défis d’une orientation digitale

Face à cette situation, une réflexion sur la digitalisation du parcours d’orientation s’impose. Celle-ci doit permettre de proposer une solution efficace au plus grand nombre. Mais comment s’y prendre afin de créer un outil qui ait un réel impact ?

Le but premier d’un processus d’orientation n’est pas d’apporter des réponses toutes prêtes : il vise avant tout à mettre la personne en mouvement, à la faire réfléchir. Le processus d’orientation ne peut aller sans une série de questions essentielles : qui suis-je ? Comment j’imagine mon avenir ? Quelles sont mes valeurs ? Quelles sont mes qualités ?

Ces interrogations sont au fondement même du processus d’orientation. Celui-ci est, à proprement parler, une démarche, autrement dit : une mise en mouvement. C’est ce cheminement réflexif personnel qu’il faut chercher à reproduire par la digitalisation.

Dès lors, comme lors d’un accompagnement individualisé, plusieurs supports se présentent pour aider le professionnel à atteindre son but : des tests et exercices, des contenus de différents formats (texte, vidéo, audio...), des mises en interaction avec le monde professionnel... Petit tour d’horizon de ces éléments, qui peuvent aisément être transposés dans un accompagnement digital. 

Du traditionnel au digital : quels supports mettre en œuvre ?

Les contenus

Qu’ils soient livrés sous forme de texte, d’audio, de vidéo ou d’image, les contenus à visée informative sont essentiels dans le processus de l’orientation. 

Il peut s’agir, par exemple : 

• d’une interview vidéo d’un professionnel
• d’une fiche conseil pour réussir ses entretiens
• ou encore d’une infographie présentant les différents métiers d’un secteur.

On peut ajouter à cela les contenus dits « actionnables », c'est-à-dire ceux qui poussent à l'action. Ce sont aussi ceux qui aident à prendre des décisions : par exemple, une offre d'emploi qui invite à postuler. 

Les outils

Un outil propose à l’utilisateur un retour personnalisé après une action de sa part. Il peut s’agir, par exemple :

• d’un questionnaire de personnalité
• d’un test d’intérêt professionnel, fréquents dans les processus d’orientation
• un simulateur d’aides financières
• un générateur de lettre de motivation personnalisée... 

On peut imaginer une multitude d'outils. Dans tous les cas, le but reste le même : pousser l’utilisateur à entrer dans une démarche réflexive.

Les interactions

Les interactions sont fondamentales dans le cadre d’une démarche d’orientation : elles permettent de se confronter au réel, au quotidien d’un métier dans ses aspects les plus concrets. Leur potentiel réflexif est aussi très important. Que ce soit dans le cadre d’une orientation digitale ou d’une orientation « humaine », on peut imaginer plusieurs types d’interactions :

• avec des pairs (jeunes en cours d’orientation ou de réorientation) : par les échanges, ces interactions permettent de se créer un réseau de soutien et de se situer par rapport aux autres
• avec des alumni (anciens élèves) ou des professionnels expérimentés : en plus de bénéficier de leurs conseils et retours d’expérience, ces échanges peuvent favoriser la création d’un réseau professionnel
• avec des professionnels de l’orientation : coachs, conseillers, psychologues...
• avec la famille et les proches : ces interactions, parfois informelles, apportent souvent un éclairage utile ou singulier sur sa personnalité et ses points forts

Les exercices et expérience

Particulièrement propres à susciter la réflexion, les phases d’exercice font partie intégrante du processus d’orientation classique. Il peut s’agir par exemple : 

• de rédiger un CV ou une lettre de motivation
• de préparer un entretien d’embauche. 
• L’expérience, quant à elle, peut être vue comme un exercice particulier de mise en situation : visite d’une entreprise, stage... L’individu est alors plongé dans l’environnement concret d’un métier : c’est le plus immersif – et le plus réflexif – en matière d’orientation.

On le voit : un système d’orientation digitalisé pourrait efficacement varier les supports et en proposer plusieurs, afin de fournir un accompagnement efficace et réflexif. L’un des défis qui se pose alors est le suivant : à l’heure des algorithmes et de la gestion des données personnelles, comment garantir un processus éthique ? On en parlera dans un prochain article.

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