Gendarmerie Nationale
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« C’est un peu le GIGN vu de l’intérieur » : entretien avec le général de division Réty sur le film Ad Vitam
De nombreuses scènes du film Ad Vitam, avec Guillaume Canet, également co-scénariste, qui est sorti sur Netflix vendredi 10 janvier 2025, ont été tournées au sein même du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). Le commandant de l’unité, le général de division Ghislain Réty, nous explique pourquoi et dans quelles conditions le Groupe a collaboré à la réalisation de ce film.
Mon général, beaucoup de films ont déjà été réalisés sur le GIGN. Pourquoi avoir accepté de participer à ce projet ?
Ce film, c’est un peu le GIGN vu de l’intérieur. Avec les problématiques d’équilibres internes, de vie de famille, de vie en collectivité. C’est ce qui était intéressant. Il y a eu, c’est vrai, des films sur les missions célèbres du Groupe, comme la prise d’otages de Djibouti (L’intervention, 2018), celle du vol Air France sur l’aéroport de Marignane (L’assaut, 2011), ou encore celle d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie (L’Ordre et la Morale, 2011). Mais, à ma connaissance, c’est le seul film qui traduit assez fidèlement ce qu’est la vie au GIGN, en dehors des entraînements et des opérations. C’est ce qui m’a séduit. Le fait de faire découvrir une autre facette, peut-être la plus importante, parce qu’elle concerne l’humain. L’humain qui ensuite est envoyé en mission, mais qui commence dans les casernes, dans les familles, avec les problèmes qui peuvent exister dans un couple, ou avec le voisinage. Je connais à peu près tous les films de Guillaume Canet, son écriture, et je savais qu’il pouvait réussir cette approche d’une collectivité, comme on peut le voir dans Les petits mouchoirs, par exemple.
Pour parvenir à obtenir ce réalisme, il a fallu que vous ouvriez grand les portes du GIGN, comme jamais auparavant. Pouvez-vous nous raconter ce tournage et les coulisses ?
De nombreuses scènes ne pouvaient effectivement être tournées qu’au sein du GIGN, pour être les plus réalistes possible. On ne pouvait pas les reproduire en studio, parce qu’elles comprenaient des éléments caractéristiques du Groupe. Donc, en lien avec le Service d'information et de relations publiques des armées - gendarmerie (SIRPA-G), on a validé ce principe d’un tournage au GIGN.
Au début, on avait plutôt imaginé des petites équipes, mais on s’est rapidement aperçu qu’on aurait eu un résultat assez médiocre. J’ai donc validé une montée en puissance, qui était le prix à payer pour avoir le maximum de réalisme et de qualité. Quand on accepte un film pour Netflix, forcément, on ne peut pas s’attendre à avoir quatre personnes dans une caserne ! Ce sont des équipes techniques de 70 à 80 personnes, des vrais experts. C’était très enrichissant d’ailleurs de les voir à l’œuvre. Quand on a tourné les scènes dans mon bureau, par exemple, il y avait des techniciens sur des grues derrière les vitres, pour les éclairages.
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Avez-vous refusé le tournage de certaines scènes ?
Disons qu’il y a eu deux cas de figure. Soit on leur expliquait que telle ou telle scène ne se passerait pas comme ça dans la réalité, et comme Guillaume Canet voulait un film qui soit le plus réaliste possible, il en tenait compte. Soit, au contraire, que ça se passerait effectivement comme ça, mais que je ne voulais pas qu’on le montre, pour différentes raisons. Et cela aussi, Guillaume l’a parfaitement accepté, parce qu’il comprenait qu’on veuille préserver notre confidentialité, et que certaines choses n’avaient pas vocation à être exposées au grand public. Mais, bien que ça reste une fiction, on est allé assez loin sur les traditions et la vie au sein de l’unité.
On peut presque parler d’une coproduction Netflix - GIGN !
Il faut rester modeste ! Mais j’ai eu un droit de regard sur toutes les scènes, ce qui est très bien, et parmi ceux qui ont participé à la rédaction du scénario, il y a aussi un ancien du GIGN, David Corona, que Guillaume connaissait depuis plusieurs années.
Quelle était votre motivation pour avoir accepté de collaborer à ce genre de film, un film d’action grand public ? Était-ce pour faire connaître encore un peu plus le GIGN ? Pour attirer éventuellement des candidats ?
Non, je n’ai aucun problème de recrutement, et je ne compte pas sur ce film pour cela. Je sais que Top Gun a eu des conséquences positives pour l’armée de l’Air, que Le bureau des légendes a fait beaucoup pour la DGSE, mais ce n’était pas le but.
En fait, on avait deux options. On savait que le film serait réalisé et qu’il sortirait. Soit on avançait avec eux, on les accompagnait, et le film serait le plus fidèle possible, tout en nous permettant de fixer des limites. Soit ils le faisaient sans nous, et nous aurions pu être déçus et nous dire que certaines scènes ne correspondaient pas du tout à la réalité. Je ne voulais pas que ce film soit au détriment de l’image du GIGN et de la gendarmerie, dont nous sommes un outil.
Donc, on a décidé d’y aller avec eux, et d’y aller jusqu’au bout, sans demi-mesure. Et au final, je pense que ça met le GIGN en valeur, même s’il a fallu faire des compromis, parce que c’est une fiction, un film Netflix qui va être diffusé dans le monde entier, dans 190 pays et dans 47 langues. Il fallait donc satisfaire tous ces publics, asiatique, africain, américain et européen.
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Crédits photo
@Christophe Brachet
@GIGN